Le 9 Novembre 2002, je suis
arrivé à Bormes, les pieds collés devant le vide et aspiré par la beauté du
paysage.
Des montagnes qui se dessinaient
au loin au détour de quelques tâches blanches incrustées sur un immense mur
bleu que les arbres semblaient pouvoir décrocher. Accompagné d'une douce brise
d'automne, je contemplais également au loin, une mer brillante sur laquelle de
minuscules navires glissaient comme sur une flaque immobile qui ne servait qu'à
réfléchir la puissance du soleil. Une hirondelle rompit l'anonymat en prenant
son envol depuis un oranger non loin de moi, elle se traina dans le ciel pour
finir par disparaitre entre deux claquements d'ailes telle une brume qui par le
temps, s'efface. Les yeux noyés d'émerveillement devant un spectacle aussi
majestueux, j'aurais pu rester des heures à l'entrée du village pour le
contempler. Ce n'était peut-être que le vent qui s'évaporait, l'assourdissant
silence ou simplement le rayon de soleil qui vint me balafrer le visage mais je
repris rapidement conscience de la raison de ma présence là-bas.
Bormes était un de ses villages
historiques qui s'étendait sous les ruines de son ancien château de pierres et
d'herbes grimpantes. On pouvait d'ailleurs en apercevoir le sommet derrière des
répétitions de murets et de routes qui ne savaient que grandir. Il y régnait en
ces rues étroites une délicate odeur de lavande qui offrait l'impression de
pouvoir s'imprégner sur les murs de chaque bâtiment. À cette heure du matin, le
village était plongé dans un mutisme parfait. L'avenue principale demeurait
déserte. Les volets fermés. Les chats et les chiens même avaient décidé de
disparaitre sans laisser de traces. C'était l'heure pour les oiseaux de chanter
l'aube tandis que le village scintillait sous l'éclat d'un soleil encore
dissimulé derrière d'épais nuages roses. Partout, de somptueuses fleurs dorées
de mimosa arboraient les balcons, les balustrades ainsi que les lampadaires
encore éteints. Devant une beauté pareille, on aurait pu penser que le concept
d'utopie ne pouvait plus être qu'hypothétique. La suite des événements me
prouva que je me trompais.
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